Le plus ancien manuscrit du Coran découvert au Royaume-Uni 23 Juil.2015 à 14h30 (TU) Les deux feuillets dormaient depuis près de cent ans dans la bibliothèque de l’Université de Birmingham. Chose inédite : ils dateraient de l’époque où vécut Mahomet. Une découverte exceptionnelle.
Alors qu’elle prépare sa thèse de doctorat, Alba Fedeli, chercheuse italienne à l’université de Birmingham, au Royaume-Uni, tombe sur ces curieuses bribes du Coran en consultant une collection de livres et de documents du Moyen-Orient.Jusqu’alors, jamais personne n’avait soupçonné le caractère extraordianire de ces extraits qui dormaient dans les archives de Birmingham depuis un siècle.
Intriguée par la découverte de la chercheuse, l’université anglaise décide donc de réaliser une datation au carbone 14. Avec un degré de certitude de 95,4%, l’analyse conclut que les deux feuillets manuscrits du livre sacré ont été rédigés entre 568 et 645 de notre ère.
- Or, dans la tradition islamique, Mahomet a vécu entre 570 et 632.
- Il est donc hautement probable que ces bribes du Coran aient été rédigées du temps du Prophète.
- Pour Slimane Zeghidour, rédacteur en chef à TV5MONDE et spécialiste de l’islam, » cette découverte crée un précédent « .
- Le manuscrit devenant ainsi le plus ancien extrait du Coran.
Slimane Zeghidour, qui a pris connaissance de ces fragments, estime que le contenu du texte n’a pas changé. » L’alphabet a cependant évolué et s’est enrichi en voyelles. Il y a donc eu un changement d’écriture. » Le manuscrit concerne les versets des sourates 18 à 20 écrites à l’encre en hijazi, un style calligraphique arabe ancien.
Malheureusement, avec seulement deux pages, il est difficile de dire si le Coran est strictement le même aujourd’hui qu’à l’époque de Mahomet » poursuit-il. Cette trouvaille, qui tient du miracle, sera visible à l’université de Birmingham du 2 au 25 octobre. Le Coran est le livre sacré de l’islam et des musulmans.
Il est composé des révélations faites par Dieu au prophète Mahomet, par l’intermédiaire de l’archange Gabriel, entre 612 et 632.Il est l’acte constitutif de l’islam et sa référence absolue.À la mort du Prophète en 632, ses proches mettent à l’écrit le texte sacré.
Il était jusqu’alors transmis à l’oral. Le Coran, dans sa version définitive, est achevé entre 650 et 655.Le Coran est divisé en 114 sourates (chapitres), elles-mêmes divisées en versets, classées du plus long au plus court. Il contient deux période : La Mecque (612-622), puis celle de Médine (622-632).
Mais, la langue arabe écrite de l’époque est peu usitée et lacunaire. Dans les premiers temps, certaines consonnes se confondent à l’écrit et toutes les voyelles n’existent pas encore. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, date qui marque le début de l’imprimerie arabe, tous les corans sont manuscrits et transcrits par des copistes.
Qui a écrit le Coran pour la première fois ?
Entretien de Claude Gilliot avec Le Monde de la Bible – Le Monde de la Bible : Existe-il un Coran originel contemporain du Prophète ? Claude Gilliot : Selon la tradition musulmane, à la mort de Muhammad en 632 de notre ère, il n’existait pas d’édition complète et définitive des révélations que le Prophète avait livrées.
- Des sources arabo-musulmanes nombreuses l’attestent.
- Il est dit que ses Compagnons les avaient mémorisées, en les apprenant et en les récitant par cœur.
- Certaines, toutefois, avaient été transcrites sur divers matériaux, telles des feuilles de palme ou des omoplates de chameaux.
- Une première mise par écrit « complète » aurait été faite à l’instigation d’Omar qui craignait que le Coran ne disparût parce que ses mémorisateurs mouraient au combat.
Il convainquit le calife Abû Bakr (632-634) de faire consigner par écrit ce que les gens en savaient et ce qui en avait été écrit sur divers matériaux. Ce travail de collecte fut dirigé par l’un des scribes de Muhammad, le Médinois Zaïd b. Thâbit. À la mort d’Abû Bakr, ces premiers feuillets du Coran furent transmis à Omar, devenu calife (634-644), puis à sa fille Hafsa, l’une des veuves de Muhammad. MdB : Et c’est ce recueil des versets coraniques qui s’imposa d’emblée? C.G.: Non, on ne peut pas dire cela. D’abord parce que nous n’avons pas de traces matérielles de cette collecte. Ensuite parce que l’objectif d’Omar était probablement de disposer d’un corpus et non de faire une « édition » définitive.
- C’est sous le califat suivant, celui d’Othman (644-656), qu’on prit conscience de divergences dans la façon de réciter le Coran.
- Othman reprit le corpus détenu par Hafsa et le fit compléter par d’autres personnages, toujours sous la direction de Zaïd b. Thâbit.
- Il fit ensuite détruire tous les matériaux originels, imposa une première version « canonique » du Coran en l’adressant aux métropoles les plus importantes du jeune Empire.
Mais s’imposa-t-il à tous ? La tradition musulmane affirme que oui, mais nous observons que l’idée même de collecte avait rencontré des oppositions dont celle d’Ibn Mas’ûd, compagnon du Prophète (m.633), et que, d’autre part, les récits sur la collecte du Coran comportent de nombreuses contradictions qui contestent cette affirmation.
- MdB : Cela signifie-t-il que d’autres variantes du Coran aient pu subsister et êtres récitées à cette époque ? C.G.: La tradition musulmane reconnaît une quinzaine de textes pré-othmaniens principaux et une douzaine de textes secondaires.
- Nous ne possédons aujourd’hui aucune de ces variantes de la « vulgate » othmanienne.
Mais nous savons par ailleurs qu’en 934 et en 935, les exégètes Ibn Miqsam et Ibn Shannabûdh furent condamnés pour avoir récité des variantes non approuvées. Ce qui montre que celles-ci ont circulé longtemps. Il convient également de remarquer que le texte diffusé par Othman pouvait lui-même susciter différentes lectures et interprétations.
- Et cela pour deux raisons.
- La première est que le texte ne comportait pas de voyelles brèves et pas toujours les longues, ce qui induit des choix dans l’interprétation des mots.
- Deuxièmement, l’écriture arabe primitive n’était pas dotée des points diacritiques qui fixent la valeur exacte des signes et qui distinguent une consonne d’une autre.
Des vingt-huit lettres de l’alphabet arabe, seules sept ne sont pas ambiguës et dans les plus anciens fragments du Coran, les lettres ambiguës constituent plus de la moitié du texte. C’est sous la période omeyyade, et le règne d’Abd al-Malik (685-705) plus précisément, que l’on peut placer la troisième phase de l’histoire du Coran.
- Certains attribuent au redoutable gouverneur de l’Irak, al-Hajjâj b.
- Yûsûf (714), plusieurs modifications apportées au texte coranique, mais à ce propos, les sources sont contradictoires.
- Pour les uns, il aurait seulement remis en ordre les versets et des sourates et rectifié des lectures déficientes; pour les autres, il aurait précisé l’orthographe en introduisant des points.
En dépit des contradictions, le califat d’Abd al-Malik constitua un moment déterminant pour la constitution des textes qui nous sont parvenus. MdB : Sur quels points portaient principalement les oppositions musulmanes à la version othmanienne que vous évoquiez précédemment ? C.G.: Ces critiques viennent de savants musulmans qui soulevèrent des objections durant les trois premiers siècles de l’islam.
Cela commença avec des compagnons du Prophète qui avaient leur propre texte, nous dit-on. D’autres sont allés jusqu’à considérer certains textes comme inauthentiques pour des raisons théologiques et éthiques. Ils visaient notamment les versets 111,1-3 contre Abu Lahab, l’un des grands adversaires de Muhammad; et 74,11-26.
Des théologiens de Bassora mirent en doute l’authenticité de ces passages, tout comme certains kharijites pensaient que la sourate 12 (sourate de Joseph) ne faisait pas partie du Coran, car, selon eux, ce conte profane ne pouvait avoir sa place dans le Coran.
- On trouve les accusations les plus vigoureuses de falsification du Coran dans les sources chiites avant le milieu du Xèmle siècle.
- Pour ces derniers, seul Ali, successeur légitime de Muhammad, détenait les authentiques révélations faites au Prophète.
- Cette version avait été rejetée par les ennemis d’Ali, Abû Bakr et Omar notamment, parce qu’elle contenait des hommages explicites à Ali et à ses partisans et des attaques contre leurs adversaires.
MdB : De quels textes anciens disposons-nous aujourd’hui ? C.G.: Nous ne possédons aucun autographe du Prophète ni de ses scribes. Les plus anciennes versions complètes du Coran dateraient du IXe siècle. Des fragments, très rares, pourraient remonter à la fin VIIe siècle ou du début du VIIIe.
L’un des plus anciens, daté du VIIème siècle, est conservé à la Bibliothèque nationale de France (voir p.32). Mais, en l’absence d’autres manuscrits antérieurs au IXe siècle, la datation de ce recueil d’une soixantaine de feuillets ne peut être estimée que par des critères paléographiques. MdB : Il existe une forte controverse sur la langue originelle du Coran.
En quoi consiste-t-elle ? C.G.: Selon la tradition musulmane, le Coran a été écrit dans la langue de Dieu, autrement dit dans l’arabe le plus clair. Hors pour les chercheurs occidentaux, y compris pour ceux qui reprennent la thèse théologique musulmane, les particularités linguistiques du texte coranique font problème et entrent mal dans le système de la langue arabe.
- Afin de surmonter cette difficulté, plusieurs hypothèses furent proposées, selon lesquelles l’origine de la langue coranique se trouverait dans un dialecte – disons plutôt une « koinè (langue commune) vernaculaire » – de l’Arabie occidentale marqué par l’influence du syriaque, et donc de l’araméen.
- Le Coran est une production de l’Antiquité tardive.
Qui dit Antiquité tardive, dit époque de syncrétisme. La péninsule arabique, où le Coran est censé être né, n’était pas fermée aux idées véhiculées dans la région. Les historiographes arabes musulmans les plus anciens, soit de la première ou de la deuxième génération de l’islam, disent que La Mecque avait des relations en particulier avec la ville d’al-Hira, capitale de la tribu arabe des Lakhmides, où vivaient des païens, des chrétiens monophysites et des manichéens.
- Elle aurait été un des lieux de passage pour l’apprentissage de l’écriture de l’arabe primitif.
- Quand Muhammad livrait ses premières prédications, un de ses premiers opposants objectait qu’il avait déjà entendu cela à al-Hira.
- Dans un autre passage du Coran, il est reproché à Muhammad de se faire enseigner par un étranger qui parlait soit un mauvais arabe soit une autre langue.
Il est vrai qu’un grand nombre d’expressions réputées obscures du Coran s’éclairent si l’on retraduit certains mots apparemment arabes à partir du syro-araméen, la langue de culture dominante au temps du Prophète. MdB : Vous rejoignez ainsi les thèses de Christoph Luxenberg qui, par ailleurs, ne fait pas l’unanimité chez nombre d’islamologues ? C.G.: Christoph Luxenberg considère en effet que des pans entiers du Coran mecquois seraient un palimpseste d’hymnes chrétiennes.
- Avant lui, Günter Lüling avait tenté d’établir qu’une partie du Coran provenait d’hymnes chrétiennes répondant à une christologie angélique.
- Cela me paraît trop automatique et trop rapide.
- En revanche, Christoph Luxenberg m’a convaincu sur l’influence syriaque dans plusieurs passages du Coran, notamment dans la sourate 100 dans laquelle il voit une réécriture de la première épître de saint Pierre (5,8-9).
On reconnaît dans le Coran des traces évidentes de syriaque. À commencer par le mot Qur’an qui, en syriaque, signifie « recueil » ou « lectionnaire », Cette influence me semble fondamentale. D’autre part, Angelika Neuwirth a bien souligné la forme liturgique du Coran.
- Et des chercheurs allemands juifs ont noté une ressemblance forte entre le Coran mecquois et les psaumes bibliques.
- Serait-il un lectionnaire, ou contiendrait-il les éléments d’un lectionnaire ? Je suis enclin à le penser.
- Sans l’influence syriaque comment comprendre que le Coran ait pu reprendre le thème des sept dormants d’Éphèse qui sont d’origine chrétienne? De plus, la christologie du Coran est influencée par le Diatessaron de Tatien et par certains évangiles apocryphes.
On peut penser que le groupe dans lequel le Coran primitif a vu le jour était l’un des rejetons de groupes judéo-chrétiens attachés à une christologie pré-nicéenne, avec aussi quelques accents manichéens. Propos recueillis par Benoît de Sagazan, pour Le Monde de la Bible Publi ou mis jour le : 2020-10-28 11:00:07
Qui a ordonné d’écrire le Coran ?
1 Loin d’être un texte fixé une fois pour toutes, le Coran a une histoire faite d’évolutions, de relectures et de corrections. Il convient de présenter séparément la conception musulmane de la façon dont le Coran a vu le jour, et les manières dont la recherche critique occidentale la conçoit.2 Selon l’opinion musulmane courante, à la mort de Mahomet (632), il n’existait pas d’édition complète et définitive des révélations qu’il avait délivrées.
Toutefois, des portions plus ou moins grandes en avaient été mémorisées par ses compagnons, ou avaient été écrites sur divers matériaux. Certains musulmans qui savaient du Coran par cœur furent tués au combat, ce qui fit craindre que les révélations ne disparussent. Omar parvint à persuader le calife Abu Bakr (632-634) de les faire consigner par écrit.
L’un des scribes de Mahomet, le jeune Médinois Zayd b. Thabit, se vit confier cette mission ; il transcrivit les matériaux collectés sur des « feuillets » qu’il remit au calife.3 A la mort de ce dernier, ils passèrent au calife Omar (634-644), puis à sa fille Hafsa, l’une des veuves de Mahomet.
Cette recension, si elle a bien existé, correspondait à la volonté du chef de la communauté de posséder un corpus coranique, tout comme d’autres compagnons en avaient eu ; il ne s’agissait pas d’imposer une version particulière à l’ensemble des fidèles.4 Sous le calife Othman (644-656), on prit conscience des divergences dans la façon de réciter le Coran.
Le calife demanda à Hafsa de lui prêter son texte du Coran pour en faire une recension complète. Après le lui avoir rendu, le calife ordonna que l’on détruise tous les autres documents contenant du Coran qui avaient pu être utilisés pour l’établissement de ce texte.
Ce travail aboutit à la « vulgate othmanienne ». Quatre ou sept copies furent envoyées dans plusieurs métropoles de l’empire naissant.5 Cette collecte du texte ne fut pas sans rencontrer des oppositions , Pourtant la tradition musulmane tend à soutenir l’idée que cette version du Coran a été acceptée partout.
Les récits sur la collecte du Coran comportent de nombreuses contradictions qui conduisent à se poser des questions sur la véracité de la version musulmane des faits.6 Les modifications apportées au texte collecté. – Des problèmes subsistaient dans la lecture de cette version othmanienne.
- D’une part, elle ne comportait pas les voyelles brèves, et pas toujours les voyelles longues, ce qui pouvait donner lieu à des confusions dans la lecture de certains mots, même si certains choix de lecture sont éliminés par le contexte.
- Plus grave encore, l’écriture arabe primitive n’était pas pourvue des points dont sont maintenant marquées certaines consonnes de l’alphabet pour fixer la valeur exacte des signes qui prêtent à confusion ,7 C’est sous les Omeyyades, sous ‘Abd al-Malik (685-705) plus particulièrement, que l’on peut placer la troisième phase de l’histoire du Coran.
Mais les informations fournies par les sources sont contradictoires. Plusieurs modifications importantes faites sur le texte sont attribuées à l’homme fort du régime omeyyade de cette période, al-Hajjaj b. Yusuf (714). Pour les uns, les améliorations qu’il aurait fait apporter au texte coranique se seraient limitées à rectifier des lectures déficientes ou à y mettre en ordre les versets, voire les sourates.
- Pour d’autres, il en aurait perfectionné l’orthographe en introduisant des points ,
- Des réformes semblables sont également attribuées à d’autres personnages par les sources musulmanes.
- En dépit des contradictions, le règne de Abd al-Malik, fut un moment déterminant pour la constitution des textes coraniques qui nous sont parvenus.
Le texte final ne s’imposa que très lentement.8 Les textes des compagnons et les variantes coraniques. – La tradition musulmane mentionne quelque quinze textes pré-othmaniens principaux et une douzaine de textes secondaires , Jusqu’à ce jour, aucun manuscrit de ces textes n’a été retrouvé.
Les variantes des textes pré-othmaniens qui diffèrent de la Vulgate ont disparu de la récitation du Coran. Néanmoins, il arrive que des exégètes anciens qualifient d’erroné ou de « faute de scribe » un mot du texte othmanien, lui préférant celui d’un autre texte. Lorsque le texte « othmanien », ou supposé tel, fut universellement reconnu par les savants musulmans, vers le milieu du ix e siècle, se constitua une hiérarchie parmi les systèmes de lectures qui aboutit à une liste de sept lectures (ou lecteurs) canoniques, les savants désignant de façon consensuelle les chefs d’école en fonction de leur valeur.
Cette liste fut déclarée canonique. Durant cette même période, deux exégètes furent condamnés : Ibn Miqsam, en 934, et Ibn Shannabûdh, en 935, parce qu’ils récitaient des variantes non approuvées.9 Le critère de « transmission ininterrompue », et par conséquent « authentique » étant très fluide, on a rajouté des lecteurs à la liste des sept déjà approuvés pour arriver au système des « dix lecteurs », puis à celui des « quatorze lecteurs ».
- Un grand changement se produisit au xvi e siècle, lorsque l’empire ottoman adopta la lecture de Asim dans la transmission de Hafs (796).
- Progressivement, ce système de lecture devint le plus répandu ; il le demeure d’ailleurs.
- L’édition du Coran qui parut en Egypte en 1923 est conforme à cette lecture, ce qui a encore augmenté sa diffusion.
Cela dit, la lecture la plus répandue en Afrique septentrionale et occidentale est celle Nafi’, dans la transmission de Warsh (812). La prépondérance du système des sept lectures dans la récitation du Coran n’a pas pour autant plongé les autres systèmes dans l’oubli.
- En effet, le système des dix et des quatorze, et même les lectures – variantes – « irrégulières », continuent à être étudiés, notamment pour des raisons exégétiques et grammaticales.
- La littérature qui porte sur les variantes coraniques est énorme ; elle a engendré une foule de commentaires ,10 Un certain nombre de savants musulmans ont violemment critiqué la version othmanienne durant les trois premiers siècles de l’islam.
Cela commença avec des compagnons de Mahomet, lesquels avaient leur propre texte, nous dit-on. Certains musulmans ont considéré inauthentiques quelques passages du Coran pour des raisons théologiques et éthiques. Ainsi Coran, 111,1-3, contre Abu Lahab, l’un des grands adversaires de Mahomet, et 74,11-26 : Dieu, comme à tous les hommes, lui ordonne de croire, mais le voue expressément à l’enfer, ce qui le place dans l’obligation de croire qu’il ne croira pas ! Quelques théologiens de Bassora mirent en doute l’authenticité de ces passages.
Ils considéraient que la sourate 12 (sourate de Joseph) ne faisait pas partie du Coran, qu’il s’agissait d’un conte profane, avec une histoire d’amour, qui ne saurait avoir de place dans le Coran.11 Les accusations de falsification du Coran les plus vigoureuses et les plus nombreuses se trouvent toutefois dans des sources chiites avant le milieu du x e siècle.
Pour les chiites, Ali, successeur légitime de Mahomet, était l’unique détenteur de la recension complète des révélations faites au Prophète. Après la mort du Prophète et la prise du pouvoir par les « ennemis de Ali » (Abu Bakr, Omar, etc.), cette version fut rejetée, principalement parce qu’elle contenait des hommages explicites à Ali et à ses partisans, et des attaques contre leurs adversaires ,12 La tradition musulmane majoritaire insiste sur la grande ancienneté de la mise en place de la Vulgate, et ce afin de faire oublier les accusations de falsification du texte coranique.
Cependant, les contradictions et les hésitations que véhiculent les sources musulmanes sur l’authenticité du Coran ont été et sont toujours pour les chercheurs occidentaux l’occasion de proposer une « autre histoire du Coran ».13 La tradition manuscrite du Coran ne nous est pas d’une grande aide pour établir son histoire.
Nous n’avons aucun autographe de Mahomet (on sait maintenant qu’il n’était probablement pas illettré), non plus que de ses scribes. Les plus anciennes versions complètes du texte dateraient du ix e siècle. Des fragments, très rares, seraient de la fin du vii e ou du début du viii e siècle, mais les datations sont souvent conjecturales.
- Les études se sont donc concentrées sur la philologie historique du texte coranique et sur la critique des sources musulmanes.
- En simplifiant, on peut distinguer deux courants, l’un « critique », l’autre « sceptique ».14 Le courant critique et les partisans de « l’historiographie optimiste ».
- Tout en relevant des contradictions dans les récits musulmans sur sa collecte, ce courant adopte en gros le récit traditionnel de l’histoire du Coran, quitte à le corriger sur plusieurs points.
Nombreux sont, d’autre part, les chercheurs qui ont souligné les particularités, voire les bizarreries de la langue coranique, dont certaines entrent difficilement dans le système général de l’arabe, à tel point que Nöldeke a pu écrire : « Le bon sens linguistique des Arabes les a presque entièrement préservés de l’imitation des étrangetés et faiblesses propres à la langue du Coran.
- » Pourtant, il maintint que, en dépit d’occurrences dialectales, la langue du Coran était « l’arabe classique ».15 D’autres chercheurs vont dans une direction opposée : pour K.
- Vollers, l’origine de la langue coranique se trouverait dans un dialecte de l’Arabie occidentale, de La Mecque ou de Médine, qui fut revu pour être adapté à la langue de la poésie arabe ancienne qui, elle, était plus attrayante ,
Plusieurs tentatives de reclassement chronologique des sourates ont également vu le jour.16 A partir d’une analyse littéraire des sourates mecquoises, A. Neuwirth a essayé de prouver la composition pré-rédactionnelle de ces sourates, et par là « leur authenticité en tant qu’unités solidement délimitées ».
- Cette analyse présuppose tacitement un seul individu, transmetteur des différents textes particuliers.
- Il en résulte que nous avons ici affaire « à un document réunissant les récitations faites par Mahomet lui-même ».
- Même si ce document a été affecté par le processus de transmission et de rédaction, il serait « substantiellement authentique ».17 Si l’on prend en compte la composition du Coran tel qu’il est aujourd’hui, une distinction s’impose entre la rédaction du texte et son processus de canonisation, qui a été progressif.
Il n’a pas été établi pour être étudié, mais pour être récité. Dans les sourates courtes de la période mecquoise, on constate un lien entre la récitation et le culte (la prière publique). Dans ce Coran pré-canonique, une « publication » et une première étape de canonisation sont déjà à l’œuvre.
Progressivement, notamment dans les « sourates historiques », la conscience de participer à un « livre » se fait jour dans le texte. Il convient donc de parler de diverses étapes de la canonisation, avant d’en venir au « corpus clos ».18 Le courant sceptique. – Le courant « sceptique » a eu des représentants dès la fin du xix e siècle, mais il se manifesta surtout à partir du dernier quart du xx e siècle.
C’est à P. Casanova que revient le mérite d’avoir mis en valeur le travail d’unification du Coran fait sous les Omeyyades par al-Hajjaj ; il considérait la version othmanienne comme une fable, disant qu’elle n’avait qu’une « filiation fantaisiste ». Le grand sémitisant Alphonse Mingana a considérablement développé les thèses de Casanova sur le rôle fondamental des Omeyyades dans la mise en place de la version finale du Coran, et il a souligné le caractère peu crédible des sources islamiques concernant l’histoire de la rédaction du Coran.A.L.
- De Prémare reprit cette thèse en la développant beaucoup plus ,19 Avec les méthodes de la critique biblique et littéraire, J.
- Wansbrough va encore plus loin.
- Il conteste fondamentalement le caractère historique des récits musulmans sur le Coran.
- Pour lui, le texte coranique n’a pu prendre sa forme définitive qu’à la fin du viii e siècle, voire au début du ix e siècle.
Cette datation est jugée trop tardive par la majorité des chercheurs, dont certains ont appelé cette orientation le courant « révisionniste ».20 A l’opposé, J. Burton veut montrer que le Coran, tel qu’il nous est parvenu, est celui que Mahomet a laissé à sa mort.
- Pour lui, ni la collecte attribuée à Abu Bakr, ni celle attribuée à Othman n’ont eu lieu.
- Les lettrés juristes musulmans auraient eu besoin de s’appuyer sur l’idée d’un Coran incomplet parce que des pratiques légales en vigueur n’avaient aucune base dans le Coran, ce qui donnait matière à discussion.
L’une des façons d’y mettre un terme consistait à montrer que Mahomet n’avait pas laissé de collecte définitive de ses révélations.21 Un autre voie, dans un sens très critique, est représentée par deux chercheurs qui ont tenté de retourner en amont du Coran dit othmanien, autrement dit au Coran avant le Coran.
Frappés, tout comme nous le sommes, par le fait que de nombreux passages ne font guère sens, et s’appuyant notamment sur l’embarras des exégètes du Coran face à certains passages ou mots de ce texte, ils ont tenté de retrouver le Coran « primitif », avant les modifications qui y ont été faites par des scribes, des grammairiens et des juristes- théologiens.
C’est ainsi que G. Lüling a pensé pouvoir établir qu’une partie du Coran provenait d’hymnes chrétiens dont l’orientation était celle d’une christologie angélique. Certains des motifs y ont été remaniés, et des motifs arabes y ont été intégrés. Son ouvrage contient des reconstructions de nombreux passages du Coran.
- Mahomet serait parti d’un « Islam abrahamique, chrétien primitif », c’est-à-dire judéo-chrétien, qu’il aurait associé à « un paganisme arabe ancien, ismaélite et dépourvu de représentations iconiques », combattant ainsi « le christianisme hellénistique ».
- Les thèses de Lüling ont été largement passées sous silence, notamment en Allemagne ,22 Dans sa tentative d’élucider les passages linguistiquement controversés du Coran, Ch.
Luxenberg (pseudonyme) , quant à lui, procède par étapes. Il vérifie d’abord si les traducteurs occidentaux du Coran n’ont pas omis de tenir compte de l’une ou l’autre explication plausible proposée par des commentateurs ou des philologues arabes. Il cherche ensuite à lire sous la structure arabe un homonyme syro-araméen qui aurait un sens différent, mais qui conviendrait mieux au contexte.
Si cela n’aboutit pas, il déchiffre enfin la vraie signification du mot apparemment arabe, mais incohérent dans son contexte, en la retraduisant en syro-araméen, pour déduire le sens le mieux adapté au contexte coranique. Ch. Luxenberg est ainsi parvenu dans bien des cas à des résultat intéressants, par exemple pour la sourate 100, dans laquelle il voit une sorte de réécriture de la première Epître de saint Pierre 5, 8-9.
L’entreprise de Luxenberg a été rejetée par un très grand nombre d’arabisants et d’islamologues. Elle nous paraît, quant à nous, intéressante, mais chacun des cas qui y est traité doit être examiné de près et mis à l’épreuve de la critique. Elle a reçu un bon accueil de plusieurs syriacisants, dont J.M.F.
Van Reeth de Louvain, qui a tenté de démontrer que le Coran cite les Evangiles sous la forme du Diatessaron (« les quatre évangiles en un ») de Tatien (m.173), suivant ainsi une tradition marcionite, plus spécifiquement dans l’interprétation qu’en a donné Mani ,23 Il convient de mentionner ici également le livre clair et abordable du Tunisien Mondher Sfar qui donne une excellente introduction aux recherches actuelles sur le Coran, et pour qui la distinction entre le Coran lui-même et la « Mère du Livre » (établie dans Coran 43, 2-4), prouve que ces deux versions ne peuvent être authentiques.24 Pour E.-M.
Gallez , le « proto-islam » doit être placé au terme d’un très long processus, qui plonge ses racines dans les mouvements messianiques et apocalyptiques des derniers siècles du judaïsme et passe ensuite à travers le mouvement du judéo-christianisme, ici celui des « judéo-nazaréens ».
En fait, l’islam « officiel » naît de l’idéologie califale du viii e siècle, après une série de transpositions de sens, historiques, géographiques, et théologiques.25 Une historienne et anthropologue, Jacqueline Chabbi fait une distinction entre l’islam de Mahomet et l’islam de la tradition musulmane.
Ce n’est que sous les Omeyyades que la religion de Mahomet a basculé dans un autre monde, dans lequel l’écriture est devenue prédominante. Le Coran a alors été mis par écrit, certainement à partir de fragments d’oralité conservés dans les mémoires. Dans les siècles suivants, la tradition islamique a couvert d’un luxe de détails les origines de l’islam et reconstitué un passé fictif : « Il est probable que cet homme, qui prêchait pour un dieu unique tel qu’il existait déjà chez les juifs et les chrétiens, souhaitait rétablir des valeurs de solidarité dans sa tribu, dont certains membres s’étaient trop enrichis.
- Il trouve refuge à Médine, vraisemblablement chez un clan apparenté.
- Là, brûlant d’être reconnu, il entre en politique.
- Il monte une confédération tribale sur un modèle traditionnel, proposant aux tribus sédentaires et nomades de passer une alliance avec son dieu.
- » Selon Jacqueline Chabbi, l’islam de Mahomet ne peut-être compris en dehors de la croyance au « Seigneur des tribus ».
Les nomades croient à un « Seigneur », une puissance (masculine ou féminine) de protection et de recours, liée à un territoire tribal et y possédant un lieu de résidence, le plus souvent autour des pierres sacrées ou bétyles, telle la pierre noire scellée à la Mecque, un objet de culte datant sans doute de l’époque de Mahomet.
Les razzias qu’il organise ont un tel succès que les « conversions » (soumissions) se multiplient. Au cours d’un conflit avec les juifs de Médine, il s’approprie la figure d’Abraham, et les juifs sont vus désormais comme des rivaux monothéistes « déviants ».26 Pour une reconstruction critique du Coran,
– Comme on l’a vu, les deux positions (critique et sceptique) sur la naissance et la transmission du Coran sont difficilement réconciliables. Pour introduire plus de clarté dans le débat, on pourrait distinguer deux types de reconstruction historique, l’une en aval et l’autre en amont.
- La reconstruction en aval se baserait sur le Coran dit othmanien et sur les variantes non othmaniennes du texte.
- La reconstruction en amont tenterait de reconstituer « un texte » avant le texte.
- La première reconstruction correspond peu ou prou à l’orientation de la critique historique, enrichie par les travaux plus récents sur la composition du Coran (Neuwirth) tel qu’il est maintenant.
La seconde reconstruction se situe plutôt dans la ligne du courant « sceptique ».27 La première entreprise consiste à reconstruire la forme la plus ancienne du texte qui nous soit accessible en se basant sur la version othmanienne, avec un appareil critique qui comporte les lectures diverses que l’on trouve dans les sources musulmanes spécialisées, voire dans les manuscrits ou fragments de manuscrits du Coran les plus anciens.28 Un tel projet avait vu le jour en Allemagne dans la première moitié du xx e siècle ,
Vers 1934, quelque 9 000 photos de manuscrits anciens du Coran et environ 11 000 photos de manuscrits d’ouvrages des cinq premiers siècles de l’hégire sur les disciplines coraniques avaient été rassemblées par la Commission du Coran de l’Académie bavaroise des sciences. Puis Spitaler prétendit qu’ils avaient été détruits pendant la guerre.
En fait, on sait maintenant qu’ils sont entreposés dans le département d’arabe de l’Université libre de Berlin et que A. Neuwirth, par un contrat dûment signé, en avait reçu livraison dès 1992 , Depuis, de nombreux manuscrits sur les disciplines coraniques ont été édités, mais tous ne le sont pas.
Il y a là un immense champ de travail pour une véritable édition critique du Coran. En novembre 2005, Angelika Neuwirth et son équipe ont repris le projet du Corpus coranicum. On attend les premiers résultats de cette entreprise vers 2009, pour voir si elle est aussi critique qu’il pourrait paraître, vu l’orientation très « classique », assez fidèle à la tradition musulmane, de A.
Neuwirth.29 Quant à la seconde entreprise, la reconstruction du Coran en amont, elle pourrait s’appuyer, d’une part, sur les sources musulmanes et les nombreuses contradictions qu’elles renferment sur la façon dont le Coran est venu au jour, puis a été transmis, rédigé, collecté et publié, et d’autre part, sur plusieurs études récentes.
La piste syro-araméenne esquissée par A. Mingana pour une reconstruction critique du Coran en amont a repris de l’actualité ces dernières années. Cela dit : « Il y a un certain danger herméneutique dans l’approche purement linguistique et philologique dans la recherche de l’influence syriaque dans le Coran arabe », dans la mesure où il y manque une mise en contexte « thématique » et historique.
Il en résulte que Luxenberg devrait également prendre en considération la dette de Mahomet et du Coran à l’endroit d’expressions syriaques du christianisme ,30 On en trouve l’incitation dans une lecture critique des sources musulmanes qui renvoie à un « lectionnaire » en constante évolution, peut-être jusqu’à l’époque omeyyade : informateurs de Mahomet , réception par Mahomet et par ses collaborateurs, son scribe et collecteur du Coran, Zayd, qui connaissait l’araméen, abrogation, « oubli » de versets, voire de sourates, versets ou sourates manquants (ou tombés dans l’oubli) , collectes plus ou moins complètes, correction partielle des fautes contenues dans le texte , émendations linguistiques diverses, etc.
Un « prophète » ne se crée pas en un seul jour, un « livre saint » non plus ! 31 Ces approches très critiques ne sont pas nouvelles. Des recherches audacieuses sur l’histoire du Coran et des débuts de l’islam existaient dès la deuxième moitié du xix e siècle. Comme on peut le constater, les divergences sont grandes entre les spécialistes sur l’origine du Coran et sur sa fixation.32 Un fossé semble séparer la thèse (théologique) musulmane sur l’histoire du Coran et les hypothèses des chercheurs occidentaux.
Ces derniers sont le plus souvent considérés comme des « impies » par les musulmans qui répugnent, en général, à appliquer au Coran les règles de la critique textuelle utilisées pour l’histoire des livres bibliques. Pourtant, les sources musulmanes anciennes traitant du Coran comportent de nombreuses traditions qui laissent apparaître aux yeux du chercheur critique une « autre histoire du Coran » que celle qui s’est imposée au nom de critères essentiellement théologiques.
R. Blachère, Introduction au Coran, 1947, p.18-102 ; A.L. de Prémare, Les Fondations de l’islam. Entre écriture et histoire, Seuil, 2002, p.278-302 et 444-468 ; Fr. Déroche, Le Coran, 2005, p.71-76 ; Gilliot, Exégèse, langue et théologie en islam. L’exégèse coranique de Tabari, 1990, p.135-164 (sur les variantes). Version (canonique) définitive du texte. Le refus le plus affirmé vint du compagnon Ibn Mas’ud (m.653). Pour ne donner qu’un exemple, le même ductus consonantique peut se lire : b, t, th (fricative interdentale sourde), n, ou î long ; d (occlusive dentale sono-re, comme notre d ) ou dh (fricative interdentale sonore). Des vingt-huit lettres de l’alphabet arabe, seules sept ne sont pas ambiguës. Dans les plus anciens fragments du Coran, les lettres ambiguës constituent plus de la moitié du texte. La scriptio plena, soit les « points-voyelles », soit les points diacritiques (du ductus consonantique). A. Jeffery, Materials for the History of the Text of the Qur’?n, Leyde, 1937, p. V-VI. Dans ce contexte, « lecteur » s’entend d’un spécialiste reconnu des variantes du texte. Gilliot, « Une reconstruction critique du Coran, ou comment en finir avec les merveilles de la lampe d’Aladin ?», dans Kropp M. (éd.), Results of Contemporary Research on the Qur’an. The question of a historico-critical text, Beyrouth/Würzburg, 2007, p.35-55. M.A Amir-Moezzi et E. Kohlberg, « Révélation et falsification. Introduction à l’édition du Kitab al-qira’at d’al-Sayy?ri », Journal Asiatique, 293 (2005/2), p.663-722. Sur les problèmes que pose la langue du Coran, cf.?Gilliot et Larcher P., «Language and style of the Qur’an», dans Encyclo-paedia of the Qur’an, III, Leyde, Brill, 2003, p.109-135 ; l’excellente mise au point critique de Larcher, « Qu’est-ce que l’arabe du Coran ? Réflexions d’un linguiste », Cahiers de linguistique de l’INALCO, 5 (2003-2005), 2008, p.27-47. Neuwirth, « Du texte de récitation au canon en passant par la liturgie. A propos de la genèse de la composition des sourates et de sa redissolution au cours du développement du culte islamique», Arabica XLVII, 2 (2000), p.194-196 (en allemand, 1996). P. Casanova, Mohammed et la fin du monde. Etude critique sur l’islam primitif, I-II/1-2, 1911-1913, p.127 et 141-142. A.L. De Prémare, Fondations, op. cit,, p.292-300 ; Id., Aux origines du Coran, 2004, p.98. J. Burton, The Collection of the Qur’an, Cambridge, 1977. Cf,?Gilliot, « Deux études sur le Coran », Arabica, XXX (1983), p.16-37. Gilliot, « Le Coran, fruit d’un travail collectif ? », dans De Smet D., et al, (éd.), Al-Kitab. La sacralité du texte dans le monde de l’Islam, Bruxelles, 2004, p.217-218 ; Id., « Reconstruction », art. cit,, p.88-89. Cf, Gilliot, « Langue et Coran : une lecture syro-araméenne du Coran », Arabica, L (2003/3), p.381-393 ; Id,, « Reconstru-ction », op. cit,, p.89-102. J.M.F. Van Reeth, « L’Evangile du Prophète », dans De Smet D. et al. (éd.), Al-Kitab, op. cit,, p.155-174. M. Sfar, Le Coran est-il authentique ?, 2000. E.M. Gallez, Le Messie et son prophète. Aux origines de l’islam, I-II, 2005. J. Chabbi, Le Seigneur des tribus. L’islam de Mahomet, Paris, 1997 ; Id,, Le Coran décrypté. Figures bibliques en Arabie, Paris, 2008. Sous le nom de « Corpus coranicum », sous la direction de G. Bergsträßer (m.1933) et de O. Pretzl (m.1941), rejoints ensuite par A. Spitaler (m.2003), qui collaborèrent aussi avec l’Australien A. Jeffery (m.1959). Gilliot, « Reconstru-ction », art. cit., p.35-44. T.J.E. Andrae, Les Origines de l’islam et le christianisme, traduit de l’allemand par J. Roche, 1955, Gilliot, « Les « informateurs » juifs et chrétiens de Muhammad », Jerusalem Studies on Arabic an Islam, 22 (1998), p.84-126. Nöldeke, Geschichte des Qorans, I, Leipzig, 19092, p.234-61 ; Gilliot, « Un verset manquant du Coran ou réputé tel », M-T Urvoy (éd.), En hommage au Père Jacques Jomier, o.p., Paris, 2002, p.73-10 ; Sfar, op. cit., p.41-44. Nöldeke, Remarques critiques sur le style du Coran, Paris (traduction), 1953 ; J. Burton, « Lin-guistics errors in the Qur’?n », JSS, 33 (1988), p.181-196 ; Larcher, « Qu’est-ce que l’arabe du Coran ? », art. cit,, p.39-40.
Qui a créé le Coran ?
Que sait-on de la date de rédaction du Coran ? – Pour les musulmans, le Coran est la Parole de Dieu révélée à Muhammad, Elle est transmise au Prophète par l’ange Gabriel, qui lui apparaît à de multiples reprises pendant une vingtaine d’années. Au fur et à mesure qu’il reçoit cette révélation, Muhammad la dicte à des copistes.
Quelques années après sa mort, alors qu’Othman est devenu calife, les multiples fragments de la révélation sont réunis en un livre unique. Voilà ce qu’est le Coran selon la tradition musulmane. Reste qu’un historien doit d’emblée insister sur un point : selon les sources musulmanes elles-mêmes, pendant les quatre premiers siècles de l’islam, il existait plusieurs versions du Coran.
Ce n’est qu’au IV e siècle de l’hégire, c’est-à-dire au X e siècle de l’ère chrétienne, que le Coran « officiel », celui qui aurait été transcrit sous Othman, s’impose comme la seule et unique version du texte. Jusque-là, les musulmans étaient divisés en plusieurs factions hostiles, et les affrontements avaient notamment pour enjeu le contenu du livre sacré.
Quand et par qui a été ecrit le Coran ?
L’Histoire : Qu’est-ce que le Coran? Mohammad Ali Amir-Moezzi : Pour les fidèles musulmans, le Coran est la parole de Dieu, révélée à Muhammad par l’intermédiaire de l’archange Gabriel (Djibril en arabe), au début du VIIe siècle de notre ère.
Qui a écrit Allah ?
Le plus ancien manuscrit du Coran découvert au Royaume-Uni 23 Juil.2015 à 14h30 (TU) Les deux feuillets dormaient depuis près de cent ans dans la bibliothèque de l’Université de Birmingham. Chose inédite : ils dateraient de l’époque où vécut Mahomet. Une découverte exceptionnelle.
Alors qu’elle prépare sa thèse de doctorat, Alba Fedeli, chercheuse italienne à l’université de Birmingham, au Royaume-Uni, tombe sur ces curieuses bribes du Coran en consultant une collection de livres et de documents du Moyen-Orient.Jusqu’alors, jamais personne n’avait soupçonné le caractère extraordianire de ces extraits qui dormaient dans les archives de Birmingham depuis un siècle.
Intriguée par la découverte de la chercheuse, l’université anglaise décide donc de réaliser une datation au carbone 14. Avec un degré de certitude de 95,4%, l’analyse conclut que les deux feuillets manuscrits du livre sacré ont été rédigés entre 568 et 645 de notre ère.
Or, dans la tradition islamique, Mahomet a vécu entre 570 et 632. Il est donc hautement probable que ces bribes du Coran aient été rédigées du temps du Prophète. Pour Slimane Zeghidour, rédacteur en chef à TV5MONDE et spécialiste de l’islam, » cette découverte crée un précédent « . Le manuscrit devenant ainsi le plus ancien extrait du Coran.
Slimane Zeghidour, qui a pris connaissance de ces fragments, estime que le contenu du texte n’a pas changé. » L’alphabet a cependant évolué et s’est enrichi en voyelles. Il y a donc eu un changement d’écriture. » Le manuscrit concerne les versets des sourates 18 à 20 écrites à l’encre en hijazi, un style calligraphique arabe ancien.
- Malheureusement, avec seulement deux pages, il est difficile de dire si le Coran est strictement le même aujourd’hui qu’à l’époque de Mahomet » poursuit-il.
- Cette trouvaille, qui tient du miracle, sera visible à l’université de Birmingham du 2 au 25 octobre.
- Le Coran est le livre sacré de l’islam et des musulmans.
Il est composé des révélations faites par Dieu au prophète Mahomet, par l’intermédiaire de l’archange Gabriel, entre 612 et 632.Il est l’acte constitutif de l’islam et sa référence absolue.À la mort du Prophète en 632, ses proches mettent à l’écrit le texte sacré.
- Il était jusqu’alors transmis à l’oral.
- Le Coran, dans sa version définitive, est achevé entre 650 et 655.Le Coran est divisé en 114 sourates (chapitres), elles-mêmes divisées en versets, classées du plus long au plus court.
- Il contient deux période : La Mecque (612-622), puis celle de Médine (622-632).
Mais, la langue arabe écrite de l’époque est peu usitée et lacunaire. Dans les premiers temps, certaines consonnes se confondent à l’écrit et toutes les voyelles n’existent pas encore. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, date qui marque le début de l’imprimerie arabe, tous les corans sont manuscrits et transcrits par des copistes.
Quel est le premier mot dans le Coran ?
Le verset 1 : Lis ! – Le premier verset de cette sourate est l’un des plus célèbres du Coran : « Lis (ou « proclame ») au Nom de ton Seigneur ! » et évoquerait, selon la tradition musulmane, la mission prophétique de Mahomet, l’ordre de proclamer le Coran.
Il pourrait désigner en particulier, pour Hilali, les verset 6-19. La forme verbale est pour U. Rubin et A.-L. de Prémare, « calque d’un verbe hébreu, signifiant : « Appelle », « Invoque le Nom de ton Seigneur ».», Ce verset était donc originellement un appel à la prière et est, pour certains chercheurs, une formule biblique,
La seconde partie de la sourate évoque cet aspect jusqu’en son dernier mot iqtarib (« rapproche-toi »). Celui-ci est un renvoi phonétique du premier mot, ce qui suggère un « rapport sémantique ». Pour Cuypers et Gobillot, « La structure du texte confirme ici parfaitement les conclusions de la philologie, et appellerait à revoir la traduction d’un des versets les plus célèbres du Coran.
- » Dye utilise la traduction de ce verset comme élément révélateur permettant de classer les traductions coraniques entre les traductions scientifiques (qui traduisent par Invoque) et les traductions « trop tributaires de la tradition musulmane »,
- Ce verset est absent des inscriptions épigraphiques anciennes.
Pour Imbert, cela peut s’expliquer par le peu d’importance qu’avait ce verset pour les premiers musulmans. L’intérêt pour celui-ci serait apparu plus tardivement,
- Texte de la sourate (Coran datant de 1874)
Quel est le nom d’Allah le plus cité dans le Coran ?
Les 99 noms rapportés par Al-Waleed ibn Muslim dans Jami` Al-Tirmidhî
# | Arabe | Traduction française |
---|---|---|
1 | ٱلْرَّحْمَـٰنُ | Le Tout-Miséricordieux |
2 | ٱلْرَّحِيْمُ | Le Très-Miséricordieux |
3 | ٱلْمَـٰلِكُ | Le Souverain |
4 | ٱلْقُدُّوسُ | Le Pur |
Pourquoi le Coran est descendu ?
Al-Ḥakīm at-Tirmiḏī dit: ‘On a fait descendre le Coran en une seule fois vers le ciel de ce monde, en guise d’offre, de sa part à la communauté, du lot le plus éminent qui soit en leur faveur, par le fait de la mission de Muḥammad (.). Et cela, parce que sa mission est une miséricorde.
Qui a imprimé le Coran ?
Presse à imprimer d’Abdallah Zakher, diacre melkite, qui installa dans les années 1730 l’une des premières presses à imprimer du monde arabe, dans son monastère de Konchara (Liban) © AKG/Philippe Maillard L’Islam, dès ses origines, est une civilisation de l’écrit.
Elle utilise le papier de manière intensive et connaît la xylographie (technique d’impression sur bois) depuis le Xe siècle. Pourtant, l’imprimerie à caractères mobiles ‒ développée en Allemagne par Gutenberg en 1454 ‒ ne concurrence la production de livres manuscrits dans le monde musulman qu’à partir du milieu du XIXe siècle.
Comment expliquer ce paradoxe ? Plusieurs facteurs concourent au rejet de l’imprimerie par l’Islam. Du point de vue religieux, l’écriture arabe jouit d’un prestige immense, comme outil de transmission de la parole de Dieu, et sa pratique manuscrite possède donc un caractère sacré.
- Par ailleurs, dans le monde musulman de la fin du Moyen Âge, la transmission du savoir s’effectue grâce à la copie scrupuleuse des textes anciens.
- Les théologiens, détenteurs de ce savoir, refusent l’imprimerie au nom du respect de la tradition et du maintien de leur autorité.
- Enfin, le livre manuscrit occupant une place primordiale dans ce système, les copistes ont rapidement formé une puissante corporation (ils sont 80 000 à Istanbul au XVIIe siècle !), fort peu encline à renoncer à ses revenus.
Les sultans ottomans Bayazid II (1485) et Sélim Ier (1515) interdisent donc aux musulmans d’imprimer des textes en arabe dans l’Empire. Les premières impressions en caractères arabes, réalisées en Europe au début du XVIe siècle, sont des ouvrages chrétiens : le plus ancien est un livre de prières melkite, édité en Italie en 1514.
L’Église catholique souhaite ainsi renforcer ses liens avec les communautés chrétiennes d’Orient. Le premier Coran imprimé est l’œuvre de Vénitiens, en 1537. En Orient, au XVIIIe siècle, des imprimeries sont installées à l’initiative de communautés juives et chrétiennes, au Liban et en Syrie, dans des proportions encore modestes.
La première typographie faite par et pour des musulmans est réalisée à Istanbul, en 1728 : il s’agit d’un dictionnaire arabe-turc, tiré à plus de 800 exemplaires. Le sultan Ahmet III autorise en effet l’impression d’ouvrages non religieux par des musulmans.
Quelle est la première religion dans le monde ?
Société
Selon une étude du centre de recherche américain Pew, les 2,2 milliards de chrétiens sont suivis par les musulmans et loin derrière par les hindous et les bouddhistes. Les chrétiens sont le premier groupe religieux au monde, fort de 2,2 milliards de personnes, suivis par les musulmans et loin derrière par les hindous et les bouddhistes, affirme mardi 18 décembre une étude du centre de recherche américain Pew sur la religion.
L’étude, intitulée Le Paysage mondial religieux, qui se base sur plus de 2 500 recensements, registres ou études à grande échelle dans plus de 230 pays, enregistre la taille et la distribution des grands groupes religieux dans le monde en 2010. Selon Pew, plus de 8 habitants sur 10 (84 %) de la planète sont affiliés à un groupe religieux, soit 5,8 milliards des 6,9 milliards d’habitants en 2010.
Sur l’ensemble, 2,2 milliards sont chrétiens (32 % de la population mondiale), 1,6 milliard musulmans (23 %), 1 milliard hindous (15 %), près de 500 millions bouddhistes (7 %) et 14 millions juifs (0,2 %). Plus de 400 millions pratiquent d’autres religions – Indiens d’Amérique, Aborigènes d’Australie, minorités chinoises, etc.
- Cinquante huit millions de personnes, soit moins de 1 % de la population, embrassent des religions comme le bahaïsme, le sikhisme ou le taoïsme.
- Une personne sur six, soit 1,1 milliard (16 % de la population) n’a pas d’affiliation religieuse, même si ces areligieux sont nombreux à se reconnaître une forme de croyance spirituelle.
LES CHRÉTIENS SONT LES PLUS DISPERSÉS La distribution géographique varie énormément. La quasi-totalité des hindous et des bouddhistes résident dans la région Asie-Pacifique, comme les trois quarts des personnes sans affiliation religieuse. Soixante-deux pour cent des musulmans y résident également, les plus fortes communautés étant en Indonésie, Inde et Pakistan.
Les chrétiens sont les plus dispersés, avec un nombre quasi égal en Europe (24 %), en Amérique latine et Caraïbes (24 %) et Afrique sub-saharienne (24 %). Les Etats-Unis, le Brésil et le Mexique accueillent les plus fortes communautés chrétiennes. Quarante-quatre pour cent des juifs vivent en Amérique du Nord et 25 % en Israël.
Près de trois quarts des fidèles vivent dans un pays où leur religion est majoritaire. Cent cinquante-sept pays sont à majorité chrétienne, 49 pays à majorité musulmane. En revanche, sept bouddhistes sur 10 sont en minorité religieuse dans leur pays. L’âge médian des musulmans (23 ans) et des hindous (26 ans) est inférieur à celui de la population mondiale (28 ans).
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Est-ce que le Coran a été écrit ?
Le Coran (en arabe : القُرْآن, al-Qurʾān ?, « la récitation » ) est le texte sacré de l’ islam, Pour les musulmans, il reprend verbatim la parole de Dieu ( Allah ). Œuvre de l’ Antiquité tardive datant du VII e siècle, le Coran reste le premier et le plus ancien livre connu en arabe à ce jour.
La tradition musulmane le présente comme le premier ouvrage en arabe, avec le caractère spécifique d’ inimitabilité dans la beauté de sa structure et dans ses principes moraux et éthiques, Pour les musulmans, le Coran regroupe les paroles d’Allah, révélations transmises par l’ archange Gabriel ( جبريل, Jibrīl ) au dernier prophète et messager de Dieu, Mahomet ( محمد, Muḥammad, « le loué »), de 610–612 jusqu’à sa mort en 632.
Le Coran est parfois appelé al-kitāb (« le Livre »), adh-dhikr (« le Rappel ») ou encore al-furqān (« le Discernement »). En ce sens, il est, pour les musulmans sunnites, l’expression d’un attribut incréé de Dieu adressé à toute l’ humanité, Les conditions de la mise par écrit puis de la fixation canonique du texte que la tradition fait remonter au troisième calife, Uthmān, font toujours l’objet de recherches et de débats parmi les exégètes et historiens du XXI e siècle.
Quel est le prophète qui a vécu 1000 ans ?
Idris (prophète) — Wikipédia.
Qui a été le premier Prophète ?
Le premier des prophètes de l’islam est chronologiquement Adam, et le dernier est Mahomet, d’où son titre de « sceau des prophètes » (Coran, sourate XXXIII, verset 40).
Où le Coran a été révélé ?
Une tradition (la nuit) – La nuit du destin est celle où le Coran, selon la tradition, est descendu à Mohammed dans la grotte de Hira. Elle revient lors de Ramadan, mais nul ne sait quand. De même que la nuit compénètre le jour et que Dieu connaît ce qui est dans les poitrines, le musulman qui veille connaîtra peut-être la descente dans son cœur de cette nuit qui éclaire, de ce ghayb qui permet de distinguer la vérité de l’erreur.
La nuit d’Al-Qadr, nuit du destin, vaut mieux que mille mois, dit le Coran (sourate 97, verset 3). Mille mois qui, bien sûr, ne comporteraient pas de nuit d’Al-Qadr, précisent les savants. Lesquels rappellent aussi que dire qu’elle est meilleure que mille mois n’exclut pas qu’elle soit meilleure que beaucoup plus que mille mois.
La nuit d’Al-Qadr revient à chaque Ramadan, mais personne ne sait quand. Le Coran n’aime pas donner ce genre d’indication. Par exemple, à propos de la longue nuit où furent plongés les dormants de la Caverne (sourate 18), Dieu seul sait, est-il écrit, combien de siècles ou de jours elle dura, et même combien furent ces endormis dans la mort qu’Il ressuscita.
- Le Coran rappelle à l’homme ce qui le dépasse et en même temps laisse ainsi ouverts les possibles et les possibilités d’interprétation.
- Mille mois sans nuit d’Al-Qadr, cela n’existe pas, puisqu’elle a eu lieu.
- Elle a eu lieu de toute éternité, ou dès le commencement, c’est pourquoi on ne peut la dater.
Elle est la descente de l’Être, de la Lumière sur la Terre, où elle projette ses ombres. Tout à la fois descente de la Lumière, parole de Dieu, et matrice de toutes ses ombres, formant nuit. Puissance, mesure, destin. Telles sont, dans l’ordre, les significations de Qadr.
- Elle est ce que l’être humain peut éprouver dans la nuit de ce monde : la puissance transcendante qui, en descendant, lui donne sa mesure, son destin.
- La nuit d’Al-Qadr vaut mieux que mille mois sans nuit d’Al-Qadr.
- Or, mille mois sans nuit d’Al-Qadr n’existent pas, sont néant : la nuit d’Al-Qadr vaut mieux que le néant.
La nuit d’Al-Qadr sort l’homme du néant comme Dieu sortit les justes de leur longue nuit dans la Caverne (sourate 18). Dans la nuit d’Al-Qadr, Dieu vient à la rencontre de l’homme comme au zénith le soleil saisit l’ombre pour la ramener dans la lumière.
- Dans la nuit d’Al-Qadr, Dieu fit descendre le Coran d’un bloc, de sa matrice au premier ciel.
- De là l’Esprit Saint, Ar-Ruh (sourate 97, verset 4), Djibril, l’ange Gabriel, le révéla progressivement au Prophète, vingt-trois ans durant.
- Mais où demeurait-il, avant d’être entièrement révélé aux hommes ? Que sont cette matrice et ce premier ciel où il était gardé ? Respectivement, la Puissance et le En puissance de Dieu.
Matrice où se trouve et se crée la mesure de tout, et d’où descend le destin, écrit en puissance, c’est-à-dire avec toutes ses virtualités, où peuvent se puiser toute liberté et tout accomplissement. Le Coran fut cet écrit en puissance, avant d’être écrit, puis le temps d’être écrit.
Quel est le verset qui interdit la musique dans le Coran ?
Statut de la musique dans l’islam – Pour certains musulmans, la musique est interdite par Allah, Ceux qui défendent cette vision s’appuient aussi bien sur le texte du Coran que sur les hadîths, Pourtant, le terme musique ne figure pas dans le Coran, et cette interprétation s’appuie donc sur ce qui est perçu comme une allusion,
Pour le Coran, c’est essentiellement le verset 6 de la sourate 31 qui est interprété comme un interdit de la musique : « Tel homme ignorant se procure des discours futiles ( lahw ) pour égarer les autres hors du chemin de Dieu et prendre celui-ci en dérision. Voilà ceux qui subiront un châtiment ignominieux (Traduction Denise Masson,) » C’est ainsi que selon Abdullah Ibn Abbas, le mot lahw se réfère à « la chanson » et selon IAbu Bakr Ibn Mujâhid, au « tambour »,
Quant à Al-Hassan al-Basrî, il affirme que « ce verset a été révélé à propos de la musique et des flûtes », Mais d’autres exégètes voient dans ce passage une critique non pas de la musique, mais des religions polythéistes, En outre, certains hadiths semblent aller dans le sens d’une prohibition ; selon un hadith rapporté par l’imam Al Boukhari, Mahomet a dit : « Il y aura parmi ma communauté des gens qui considéreront comme licites la soie, l’ alcool et les instruments de musique,
Quel est le vrai nom d’Allah ?
Allah est en particulier évoqué par la formule bismi-llahi r-Rahmani r-Rahimi « Au nom de Dieu clément et miséricordieux », appelée Bismillah. Al Rahman est un terme araméen utilisé dans le judaïsme et probablement importé depuis l’Arabie du Sud où il est le nom propre du dieu du monothéisme yéménite.
Quel est le nom d’Allah ?
Le nom d’Allah vient de al-Ilah, qui signifie le Dieu ; dès avant l’islam, il paraît avoir désigné le dieu suprême à La Mecque. Dans la pensée islamique, Allah est le maître du monde et de la vie, bienfaiteur et miséricordieux mais aussi juge qui rendra au jour du Jugement à chacun selon ses œuvres.
Comment le Coran a été créé ?
Une ou plusieurs traditions ? – Il existe des divergences ou variantes entre les récits musulmans de la compilation par Othman. Ainsi, l’ensemble de ces récits n’évoquent pas l’idée d’envoi de codex dans les villes de l’empire, De même, le récit que Dye, nomme Habar 2, raconte qu’Othman aurait recopié en un codex les feuillets de Hafsa à la suite de l’observation de divergences entre des Syriens et des Irakiens dans les récitations coraniques,
Face à des incohérences dans les récits entourant ces « feuillets de Hafsa », Dye voit en eux « un topos bien connu : pour justifier la recension officielle du texte sacré, on pose l’existence d’un écrit qui garantit que la transmission de la prédication originelle s’est faite de manière fiable et continue – et entre les mains des personnes les plus autorisées.»,
Un deuxième topos pour expliquer leur absence est celui de leur destruction par Marwan,V. Comerro rejoint cette vision et présente ces évocations des feuillets d’Hafsa comme un rajout rédactionnel servant à réunir les récits de compilation sous Abu Bakr et celui sous Othman,
- De Prémare remarque que l’auteur Ibn Saad, source importante « pour l’histoire de la transmission des traditions religieuses islamiques » ne semble volontairement pas vouloir évoquer la question de la collecte coranique.
- Il n’évoque ni Abu Bakr, ni Othman.
- Le seul, pour lui, à mener une collecte écrite, une « collecte dans les feuilles » est Omar.
À l’inverse, pour Sayf ibn Omar de Koufa et Ibn Chabba de Bassora, si rien ne s’est passé sous Abu Bakr, des collections sont évoquées sous Othman, D’autres compilations ont été faites, notamment le corpus d’ Abdullah ibn Mas`oûd, qui perdura trois siècles mais également de Ubay ibn Ka’b et de Ali ibn Abi Talib,
Selon des témoignages tardifs, elles différent en certains points du texte, ainsi que sur le nombre et l’ordre des sourates. « Aucun de ces codex ne nous est parvenu », Un motif courant dans les récits anciens est celui de la destruction volontaire des feuillets ou codex plus anciens. Pour Dye, « L’existence même de certains de ces codex me paraît douteuse il serait imprudent d’en conclure que ces ṣuḥuf ressemblaient au Coran tel que nous le connaissons et qu’ils correspondaient de près à la description que nos sources font des codex dits « pré-‘uṯmāniens ».»,
Gilliot remarque qu’un certain nombre de musulmans des premiers siècles ont rejeté et critiqué la vulgate d’Othman, à commencer par les compagnons de Mahomet qui avaient des recensions différentes. Ces individus n’ont pas tous été reniés par le sunnisme postérieur.
- Sont particulièrement visées les sourates CXI, LXXIV, XII.
- Certaines de ces critiques sont basées sur des raisons théologiques ou morales.
- Ainsi, la sourate XII était considérée comme un conte profane,V.
- Comerro soulève l’existence de plusieurs récits traditionnels autour de la figure de Zayd.
- Selon al-Bukhārī, celui-ci aurait réuni le Coran à partir de fragments préexistants et des dictées de personnes le connaissant par cœur.
Selon d’autres traditions Zayd possède un codex depuis l’époque même de Mahomet. Selon une tradition tardive, Mahomet aurait même fait une récitation sur son mushaf, Cet exemple permet de mettre en valeur l’existence d’une « théologisation » de ces traditions, forgées ou modifiée à des fins théologiques.
Quelle est la sourate la plus difficile ?
Usages islamistes de la sourate At-Tawba – Pour Mimelli, la sourate 9 est une des sourates les plus violentes du Coran. Pour cette raison, elle est souvent citée par les jihadistes, Ainsi, le militant musulman membre des Frères musulmans Sayyid Qutb appuie sa doctrine de la guerre sur plusieurs sourates mais en particulier sur les versets 93-129 de la sourate At-Tawba.
- S’appuyant sur des versets considérés comme tardifs, il prétend qu’ils ne peuvent ainsi être adoucis par les versets antérieurs.
- Pour lui, « l’Islam est par essence combatif et seuls les combattants perçoivent la foi en vérité, dans la communauté.»,
- S’appuyant sur les versets 97-102, la guerre doit, pour lui, concerner la terre entière,
Pour Sayyid Qutb, les versets favorables aux » gens du livre « , juifs et chrétiens sont abrogés par le verset 29 de la sourate 9. Ils sont « déclarés par Dieu en erreur manifeste, toute semblable à celle des polythéistes arabes et des idolâtres romains ou autres.»,
- Texte de la sourate (Coran datant de 1874)
Quels sont les 4 mois sacrés de l’islam ?
Un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre. Procession du mouharram à Qom, en 2009. Le mois de mouharram ( arabe : محرم ) est le premier mois du calendrier musulman un des plus importants, notamment pour les chiites. C’est l’un des quatre mois sacrés de l’islam avec rajab, dhou al qi`da et dhou al-hijja le plus sacré (Al Haram),
Quelle est la sourate la plus importante ?
« Toute chose a son sommet et le sommet du Coran est la sourate al-Baqarah, qui contient un verset qui est le plus grand du Coran. », aurait dit le prophète Mahomet.
Quand est apparu le premier Coran ?
Œuvre de l’Antiquité tardive datant du VII e siècle, le Coran reste le premier et le plus ancien livre connu en arabe à ce jour. La tradition musulmane le présente comme le premier ouvrage en arabe, avec le caractère spécifique d’inimitabilité dans la beauté de sa structure et dans ses principes moraux et éthiques.
Qui a imprimé le Coran ?
Presse à imprimer d’Abdallah Zakher, diacre melkite, qui installa dans les années 1730 l’une des premières presses à imprimer du monde arabe, dans son monastère de Konchara (Liban) © AKG/Philippe Maillard L’Islam, dès ses origines, est une civilisation de l’écrit.
Elle utilise le papier de manière intensive et connaît la xylographie (technique d’impression sur bois) depuis le Xe siècle. Pourtant, l’imprimerie à caractères mobiles ‒ développée en Allemagne par Gutenberg en 1454 ‒ ne concurrence la production de livres manuscrits dans le monde musulman qu’à partir du milieu du XIXe siècle.
Comment expliquer ce paradoxe ? Plusieurs facteurs concourent au rejet de l’imprimerie par l’Islam. Du point de vue religieux, l’écriture arabe jouit d’un prestige immense, comme outil de transmission de la parole de Dieu, et sa pratique manuscrite possède donc un caractère sacré.
- Par ailleurs, dans le monde musulman de la fin du Moyen Âge, la transmission du savoir s’effectue grâce à la copie scrupuleuse des textes anciens.
- Les théologiens, détenteurs de ce savoir, refusent l’imprimerie au nom du respect de la tradition et du maintien de leur autorité.
- Enfin, le livre manuscrit occupant une place primordiale dans ce système, les copistes ont rapidement formé une puissante corporation (ils sont 80 000 à Istanbul au XVIIe siècle !), fort peu encline à renoncer à ses revenus.
Les sultans ottomans Bayazid II (1485) et Sélim Ier (1515) interdisent donc aux musulmans d’imprimer des textes en arabe dans l’Empire. Les premières impressions en caractères arabes, réalisées en Europe au début du XVIe siècle, sont des ouvrages chrétiens : le plus ancien est un livre de prières melkite, édité en Italie en 1514.
- L’Église catholique souhaite ainsi renforcer ses liens avec les communautés chrétiennes d’Orient.
- Le premier Coran imprimé est l’œuvre de Vénitiens, en 1537.
- En Orient, au XVIIIe siècle, des imprimeries sont installées à l’initiative de communautés juives et chrétiennes, au Liban et en Syrie, dans des proportions encore modestes.
La première typographie faite par et pour des musulmans est réalisée à Istanbul, en 1728 : il s’agit d’un dictionnaire arabe-turc, tiré à plus de 800 exemplaires. Le sultan Ahmet III autorise en effet l’impression d’ouvrages non religieux par des musulmans.
Où est le Coran originel ?
Publié le 22/07/2015 à 22:02, Mis à jour le 24/07/2015 à 16:20 Fragments d’un vieux Coran découvert dans la bibliothèque de l’Université de Birmingham au Royaume-Uni. Frank Augstein/AP VIDÉO – Ces fragments de parchemin pourraient avoir été rédigés du temps du prophète Mahomet, à la fin du VIe siècle ou au début du VIIe.
C’est une découverte inestimable. Probablement l’une des plus anciennes versions manuscrites du Coran a été retrouvée dans la bibliothèque de l’Université de Birmingham au Royaume-Uni, a annoncé mercredi l’université. Selon une datation au carbone 14, ces deux fragments de parchemin seraient vieux d’au moins 1.370 ans, ce qui en fait parmi les plus vieux de l’histoire de l’Islam.
Ces pages du texte sacré musulman étaient pourtant dans la bibliothèque de l’université depuis près d’un siècle, conservés au sein d’une collection de livres et de documents du Moyen-Orient. C’est une chercheuse italienne, Alba Fedeli, qui, à l’occasion de sa thèse de doctorat, s’est intéressée à ces feuillets manuscrits.
Quel est le plus vieux Coran du monde ?
Découverte fascinante : les plus vieux manuscrits du Coran retrouvés à Birmingham Deux fragments de la plus ancienne version manuscrite du Coran ont été découverts dans la Bibliothèque de l’Université de Birmingham, au Royaume-Uni. Ils auraient 1370 ans.
- Une découverte qui fascine les chercheurs.
- C’est Alba Fedeli, une chercheuse italienne, qui a suscité ce regain d’intérêt.
- Dans le cadre de son doctorat, elle s’est penchée sur les textes d’une collection de plus de 3000 livres et documents du Moyen-Orient datant de 1920 provenant de la région de Mossoul, en Irak.
La chercheuse a fait une fascinante découverte : à l’intérieur d’un des ouvrages se trouvaient deux pages de parchemin manuscrites jusqu’ici restées non identifiées. L’Université a donc décidé de procéder à une datation par carbone 14. L’analyse s’est révélée fascinante d’un point de vue scientifique et théologique.
Selon la BBC, les conclusions ont prouvé à 95,4 % que ces deux fragments de parchemin seraient vieux d’au moins 1370 ans. Le manuscrit écrit sur de la peau de mouton ou de chèvre aurait été écrit entre 568 et 645 de notre ère ce qui en fait le texte le plus vieux jamais retrouvé de l’Histoire de l’Islam.
Or, d’après la tradition musulmane, le prophète Mahomet a reçu les révélations du Coran entre les années 610 et 632, l’année de sa mort. Ce qui veut dire que les deux pages manuscrites auraient été écrites du vivant du prophète ou peu de temps après sa mort.
Ce manuscrit contient des versets des sourates (ou chapitres) 18 à 20, écrits en rouge et vert, à l’encre en hijazi, dans un style calligraphique arabe ancien qui proviendrait du même codex que des feuillets conservés à la Bibliothèque Nationale de France à Paris. Il a été relié par erreur, il y a de nombreuses années, avec un autre manuscrit du Coran similaire, conservé à la Bibliothèque de recherche de Cadbury.
Le scripte a-t-il entendu les paroles retranscrites de la bouche du prophète ? Le connaissait-il personnellement ? Autant de questions auxquelles les chercheurs vont tenter de répondre. D’ici là, le manuscrit sera exposé au Barber Institute of Fine Arts, à l’Université de Birmingham du 2 au 25 octobre.